D'où ça vient d'aller faire du ski pendant les vacances ?

Les vacances d'hiver...Tout un rituel, tout un programme, la même attente des vacanciers, les mêmes images de millions de touristes déferlant sur les routes en février en direction des montagnes. Les mêmes questions qui se posent dans les voitures : "Dis, tu es sûre de tenir dans le bon sens la carte Michelin ?" "Chéri, tu es bien certain de savoir comment mettre les chaînes de la voiture ?" "Papa, maman, c'est quand qu'on arrive ?" "Maman, est ce qu'on peut changer de musique ?" ...

On ne s'en lassera jamais !

Le gros lourd de service voulant ramener encore une fois sa science posera la question existentielle suivante : "Papa, maman, depuis quand les hommes vont ils faire du ski ?" Et Maman se gardera bien d'imaginer Cro Magnon sur des planches de bois grossièrement taillées en guise de réponse.

Essayons d'aller plus loin....

L’idée même de tourisme remonte au XVIIIe siècle lorsque de riches hommes d’affaires européens dans le cadre du Siècle des Lumières entreprenaient un voyage initiatique à travers l’Europe, c’est The Grand Tour. Le tourisme est donc au départ une affaire de privilégiés. L’Angleterre (quel paradoxe pour une île relativement plate) invente l’alpinisme. Certains aventuriers se lancent à la conquête des cimes les plus hautes. La Montagne, autrefois crainte, devient dans un contexte littéraire de romantisme, un espace de curiosités et d’aventures et d’émotions. Et c’est à Chamonix que cette passion de l’alpinisme à travers la Mer de Glace et le Massif du Mont Blanc apparaît. Le Mont Blanc est escaladé pour la première fois en 1786. Le premier palace sort de terre à Chamonix dès 1806 !!

Il faut attendre le Second Empire (1852-1870) pour qu’une deuxième forme de tourisme apparaisse, le thermalisme. Autrefois pratiqué par les romains, longtemps délaissé, il revient à la mode dans les Alpes à Aix Les Bains. Ce goût des eaux sulfureuses aux vertus médicales et relaxantes s’accompagne de l’essor des casinos, palaces et hôtels particuliers luxueux pour loger les riches curistes, venus grâce à l’avènement du chemin de fer.

Les bases du tourisme que nous connaissons aujourd'hui voient le jour. Les premiers congés payés nés des Accords Matignon de 1936 consacrent davantage le tourisme balnéaire, le tourisme hivernal, lui, est balbutiant.

La station intégrée de ski est née avec la diffusion au public des sports d’hiver dans les années 1960. C’est ce qu’on appelle la ruée vers l’or blanc. Dans un contexte de politiques d'aménagement du territoire, un premier Plan Neige est lancé entre 1964 et 1977.On craint la météo qui semblerait ne pas annoncer de neiges à moyennes altitudes durant l'hiver 1961-1962. Panique, ce premier Plan Neige est la réaction politique à cette crainte. Il s'agit de créer de façon Ex Nihilo des stations en hautes montagnes : La Plagne, les Arcs, Avoriaz, Tignes et tant d'autres. L'exemple le plus frappant est celui des Arcs lancé par le promoteur Roger Godino. Autrefois, le tourisme cherchait le soleil (l’adret en montagne). Désormais, c’est à l’ubac (partie la moins ensoleillée) que le tourisme se concentre car la neige y fond moins rapidement. Cet Ubac est le lieu d’installation des stations.

Une station intégrée se manifeste par :

• un accès très rapide à celle-ci par le téléphérique, l’autoroute, les gares.
• De vastes complexes hôteliers et résidentiels avec une unité architecturale. L'or blanc se dote d'une armure en béton armé.
• Un enneigement permanent en hiver de part l’altitude des stations (en moyenne 1800m)
• Un vaste domaine skiable relié aux autres par des téléphériques
• De vastes parkings
• Une surenchère technique : neiges artificielles, canons à neiges.
• un regroupement et une rationalisation des petites stations familiales aux alentours ce qui permet d'élargir le domaine skiable comme le domaine gigantesque des Trois Vallées regroupant Courchevel, La Tania, Méribel, Brides les Bains, Les Menuires, Saint Martin de Belleville, Val Thorens, Orelle

Le film humoristique « Les Bronzés font du ski » raconte cette attrait des provinciaux pour les sports d’hiver au sein de ce genre de stations, dans le film à Val d’Isère.

Ce modèle de station intégrée va provoquer des interrogations et une remise en cause. On parle d’elles comme des usines à ski, dégradant le paysage. C’est alors que les promoteurs du tourisme renouent avec la tradition du village montagnard à architecture authentique (bois, pierre apparente) aux activités estivales comme hivernales, plus diversifiées et tournées vers une clientèle très familiale. C’est le cas de la station de Valmorel qui respecte le cadre naturel et patrimonial en vantant l’idée de se ressourcer dans l’authenticité.

Le tourisme devient, dans les Alpes, un levier de développement local. Les années 2000 consacrent l’avènement d’un tourisme vert, rural. Il répond à une demande urbaine de « consommation de nature ». Cette forme de tourisme participe à la reconstruction des identités locales notamment avec les villages classés. C’est le cas du village de Sixte Fer à Cheval au cœur d’un parc naturel protégé.

Et demain, Quelles vacances d'hiver ?