Le 27 janvier, Paris allait chez Boulanger

Le 27 janvier 1889, le général Boulanger était élu député de Paris. Après une carrière militaire intéressante, il se lance en politique en devenant ministre de la guerre en 1886 dans le gouvernement Freycinet. Il impose le fusil Lebel, autorise le port de la barbe, interdit de séjour les descendants des familles de France. Tout cela le rend très populaire non seulement vis-à-vis de l’armée mais aussi à gauche. Il incarne plus que jamais l’idée d’une revanche victorieuse face à l’Allemagne. Par ses discours patriotes et belliqueux, Boulanger devient le « général revanche ». Avec son triomphe dans l’affaire Schnaebele, il n’y a plus aucun doute. La France a retrouvé un homme providentiel. Et c’est bien ce qui inquiète. La gauche des notables se sent menacée et le limoge, l’envoyant diriger un bataillon à Clermont Ferrand pour calmer ses ardeurs. Mais cela a l’effet inverse. La République s’effondre sur elle-même, son sectarisme et ses scandales la discréditent.

Son talent ? Sa capacité à rassembler autour de lui la droite royaliste, bonapartiste et la gauche radicale. L’apothéose est atteinte ce 27 janvier 1889 où il devient député de Paris. Paris la communarde, Paris la révolutionnaire, Paris l’anarchiste, Paris la Rouge, Paris l’assoiffée de sang bascule à droite ! Rien ne peut arrêter cet élan qui dépasse les clivages et qui désire changer de régime (peut être pas tant de nature mais tout du moins de manière de gouverner).

Sauf…..un coup d’état ! Et c’est un coup d’état contre Boulanger que les « républicains » de gauche et de droite modérée organisent. Par une décision des juges (ce qu’il faut bien saisir, c’est que dans notre pays les 3 pouvoirs n’existent pas, le pouvoir exécutif détermine le pouvoir législatif et tout ce monde là contrôle l’appareil judiciaire), l’élection de Boulanger est invalidée, pire encore on le traduit en justice pour « complot contre la sûreté de l’état » !! Le général prend peur et s’enfuie ! Le boulangisme s’effondre. Boulanger, devenu déséquilibré sur le plan affectif se suicide sur la tombe de sa maîtresse, Madame de Bonnemains.