14 avril 1912, dernières heures avant le cauchemar

Quand Jack Dawson, saltimbanque clandestin, 3e classe rencontre Rose Dewitt Bukater, jeune femme de 1ère classe issue d’une famille d’industriels fauchés et promise à Caledon Hockley, homme à la fortune et à la réussite arrogante, un soir, sur le pont flambant neuf d’un paquebot, le Titanic…..

La romance filmée aux innombrables oscars par James Cameron a fait connaître au grand public le destin tragique de ce navire dans la nuit du 14 au 15 avril 1912. Qu’est ce que le Titanic ? Le plus grand et le plus luxueux navire jamais construit alors par l’Homme. La démesure y est partout aux services d’une société de riches notables industriels qui aiment s’admirer et se contempler. La White Star Line de Bruce Ismay décide de la construction de ce navire ainsi que de deux autres jumeaux, l’Olympic et le Britannic pour rivaliser avec le Mauretania de la Cunard Line. Ce très orgueilleux navire est réputé insubmersible en raison de sa coque jugée solide, divisée en compartiments fermés par des portes étanches. Thomas Andrews, l’architecte, juge qu’il faut réduire au maximum le nombre de canots de sauvetage pour privilégier la vue sur la mer, ne pouvant ainsi sauver, en cas d’hypothétique accident, que la moitié des passagers (sans compter le personnel). Le 10 avril 1912, le Titanic appareille à Southampton pour son voyage inaugural qui doit le mener jusqu’à New YorK, sous le commandement d’un homme très expérimenté qui doit prendre ensuite sa retraite, le capitaine Smith. Tout est réuni pour surprendre le monde et arriver à New York plus tôt que prévu. Ismay demande à Smith de forcer l’allure.

Le Titanic est le reflet de la société capitaliste et libérale de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. En 1ère classe, tout n'est que fastes, apparences et manigances. Ils jouent avec l'argent comme ils jouent avec les dés. Ils craignent la descente sociale comme ils craignent la peste. La bourgeoisie a remplacé la vieille aristocratie mais en assimilé les rituels. Quelques bourgeois bohèmes et libres penseurs couronnent le tout.

Le 14 avril, le Californian, naviguant aux larges de Terre Neuve signale au Titanic la présence d’icebergs. Cette information n’est pas prise en considération, le navire, au contraire, accélère. Les conditions climatiques sont favorables à une catastrophe. La mer est calme, lisse, la vigilance des marins présents dans le Nid de Pie n’est pas suffisante. L’iceberg n’est vu qu’au dernier moment, choc inévitable. Celui-ci déchire et fait soulever la coque et faisant sauter les rivets sur toute sa longueur. L’eau s’engouffre lentement, il est 23h40. A 0h20, l’évacuation du navire est ordonnée. Il faut faire vite, privilégier les femmes et les enfants, dans une panique et un chaos inconcevable. C’est un traumatisme pour toute une élite jusqu’alors privilégiée qui voit son destin se lier à celui des plus miséreux logés à la même enseigne aux portes de la mort. C’est aussi le moment où l’on voit se réaliser des gestes héroïques et de bravoure. Ceux qui ne parviennent pas à embarquer dans un canot se jettent désespérément dans une eau glaciale (-2°c) où la mort est d’autant plus violente. Le Carpathia, unique navire présent à proximité, arrive 2 heures après le naufrage. 705 survivants, 1502 décès, seulement 337 corps repêchés. Même le gratin de la société de l'époque, présent sur le navire n'a pas survécu :

* Benjamin Guggenheim, homme d'affaire américain

* John Jacob Astor IV, héritier de la dynastie Astor, à la tête d'une vaste et prestigieuse chaîne d'hôtels de luxe.

* George Dunton Widener, homme le plus riche de la ville de Philadelphie

* Charles Hays, directeur des chemins de fer américains

* Archibald Butt, conseiller du président Theodore Roosevelt

et tant d'autres...

Le Titanic est une catastrophe humaine d’une rare brutalité.